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mardi 20 janvier 2015

Fred "Lutin" Boudot


6 janvier 2015

Fred est né en 1973, il a joué dans des groupes comme To Make You Collapse ou Second Rate, et vous pouvez désormais le voir sur scène dans Generic et Non.

Ton premier souvenir de concert ?

J'en ai quelques uns, je ne saurais dire s'il s'agit du premier !

Le concert de OTH à la salle des fêtes de Dole le 9 décembre 1988. De fait, mon âge m'interdisait de consommer de l'alcool sur la voie publique, or en arrivant devant la salle, j'accepte volontiers de boire une goulée de kronenpils que me tend le frère d'un pote, plus âgé que nous. Une bagnole de flics passe à ce moment et les 3 ou 4 loulous à l'intérieur me regardent d'un air circonspect. Je me vois déjà contraint de présenter mes excuses à ces messieurs et risque en plus de me faire raccompagner illico chez maman !

Non, pas OTH, pas chez moi, pas la pénultième date de leur tournée ! Et j'ai senti d'un coup que nombre de gugusses autour de moi, s'affirmaient suffisamment pour signaler à ces gardiens de la paix qu'il serait souhaitable que, ce soir, il me la foute !  Et c'est ainsi que j'ai pu voir l'un de mes premiers excellent concert de rock'n'roll. Puissant, sauvage, un brin alcoolisé mais terriblement efficace. Voir ça à 15 ans, un groupe qu'envoie du feu de dieu, paroles en français, la classe. Et réécouter ce live, même si ce n'est pas vraiment celui là, reste un chouette truc.

Un autre concert est celui de Mega City Four à Malbuisson, bourgade du haut Doubs. Je me souviens qu'en attendant que ces jeunes rois de la pop de l'époque envoient la sauce, nous avions commencé une partie de baby foot. Dès les premiers accords de gratte, je vois encore la balle rouler sur ce baby et n'ai jamais su ce qu'elle était devenue ! Nous avions tous lâché nos cannes en même temps, histoire de ne pas en perdre une miette. Je me souviens surtout du bassiste qui, les yeux sur son manche et un sourire d'enfant, portait sur sa tête une casquette de... Morbid Angel ! Énorme ! La voix du chanteur, les mélodies de gratte, où je voyais pour la première fois des gugusses balancer des accords plus subtils que trois accords de puissance et basta.

Premier concert que tu as apprécié ?

Celui-ci donc !

Premier groupe local qui t’a marqué ?

Thunder Ten Tronckh [orthographe incertaine], un groupe de Dole, des potes aussi. J'avais encore jamais joué de rock de ma vie et c'est sûrement grâce à eux que j'y suis venu. Un peu comme Mega City Four - excusez de la comparaison - ça jouait bien, mélodique à souhait et paroles en français. Je ne loupais pas un concert et surtout aucune répète ! C'est vraiment là que le rock a pris un sens pour moi. J'ai d'ailleurs monté mon premier groupe, Handle With Care, avec l'un des guitaristes.

Premier disque local qu'on t'a offert, que tu as acheté, piqué, emprunté, trouvé... ou autre ?

J'avoue que j'ai du mal là. Puisque je n'ai pas de souvenir précis, je dirais Original Disease, que j'avais enregistré sur une cassette.
Bon et même si cela n'a rien  à voir, la première cassette que j'ai écouté en boucle, c'était l'album Destroyer de Kiss que j'avais piqué à mon frangin, surtout le premier morceau, Detroit Rock City. Parce que ce morceau, quand je le réécoute, il me fout toujours la patate et le sourire.

Le concert en région qui t’a le plus marqué ?

Je sais plus vraiment où ça se trouvait mais l'affiche était plus qu’alléchante. Kill The Thrill, Sleeppers et Kollapse si je ne m'abuse. C'était une belle soirée qui avait fini par un morceau de percus avec bon nombre de bonhommes des groupes présents.

Ah oui, un autre concert phénoménal fut celui de Tavaux dans le Jura, juste à côté de Dole. Ce soir là, Thunder Ten Tronckh, dont j'ai déjà parlé, No Sense et Desert Culturel. Le village était blindé de monde, des keupons pour la plupart, faune que les autochtones n'avaient pas rencontrée souvent, voire jamais. Ce concert était tout simplement fabuleux.

Une anecdote à partager ?

Alors là, j'en ai à la pelle des anecdotes. Disons que celle qui me fait encore sourire aujourd'hui ce serait la fois où, alors que j'étais chez mes grands parents, dans la cuisine, j'ai entendu un groupe qui répétait dans un hangar ou un garage pas très loin. Je savais pas encore qu'il s'agissait d'une répète et j'ai donc juste demandé à mon grand père ce que c'était qu'on entendait. Il me répondit simplement qu'il s'agissait d'un petit jeune qui faisait de la musique avec ses copains, pour rigoler. J'ai appris quelques années après qu'il s'agissait d'Hubert Felix Thiefaine !

Ton implication dans la scène locale ?

Je suis actuellement membre du groupe NoN, avec Sylvain Messager et Cedric Chauvin. Un basse, basse, batterie qui ne se refuse rien. Nous avons commencé par composer un palindrome (et c'est pas une mince affaire!) dans le style brutal, noise et métallisant sur les bords et terminons ces jours-ci une réappropriation d'un morceau de Jacques Brel. Entre temps, nous avons étoffé notre set, invité un pote à venir poser un solo de gratte sur un passage, réfléchissons aussi à tenter un double basse batterie et préparons l'enregistrement de notre première production. Je préfère parler de production plutôt que de disque puisque nous aimerions sortir un truc un peu différent. Cela reste encore à l'état de projet puisque nous sommes à la recherche de financement.

J'ai également rejoins un groupe de screamo dans la plus pure tradition. C'est pas franchement ma tasse de thé au départ mais le plaisir de jouer et de composer est là.

Je participe aussi à certains concerts de Mayerling (Sylvain Bombled et Boris Magnin) où je viens faire un peu d'impro, quelques chinoisances... Et bien sûr, nous avons reformé Generic (Duo basse batterie) pour une poignée de dates. Au départ, il s'agissait juste d'un concert, le festival marquant les 30 ans du Bastion puis, le plaisir de se retrouver à nouveau face à face nous a donné envie de remonter sur les planches et de partager l'affiche avec des potes (deux mini tournées sont prévues en Mars, l'une avec Spanked, duo guitare batterie et l'autre avec Napoléon solo, où l'on retrouve des vieux gars de Dead Pop Club, de Second Rate...).

Dans un autre registre, j'ai composé la musique d'une pièce de théâtre de Wajdi Mouawad (Rêves) dans laquelle il a fallu que je joue, non seulement en live (ma basse et mes effets) mais surtout sur scène, en incarnant un personnage. C'était avec la compagnie du Verseau, basée à Salins les Bains et mise en scène par mon voisin, Christophe Vincent, dont c'est le métier.

Ton parcours musical ?

J'ai donc commencé comme bassiste dans le premier Handle with care (puisqu'il y en a eu un second). Basse guitare batterie et un chanteur avec qui il n'était pas toujours facile de composer. Il écrivait des textes pour le moins revendicateurs mais nous n'étions pas toujours d'accord avec ses revendications. Après quelques concerts, dont  mon premier, dans le petit village de Champvans où l'ingé son, qui faisait lui aussi son premier concert n'était autre que le Wisk, ou Clovis si vous préférez (une figure parmi les ingés-son de la région, qui pousse maintenant des boutons dans le nord de la France), après quelques concerts donc, nous avons splitté.

Et c'est avec d'autres gars de Thunder et No Sense que nous avons monté Wunderbach Death. Ce groupe était vraiment une blague au départ puis, comme les choses n'allaient pas si mal et que le ton se durcissait un peu, nous avons décidé de nous appeler... Handle With Care ! Puis ce groupe a fini par se désagréger quand tout le monde à quitté petit à petit le coin. Certains pour un job et la majeure partie pour aller suivre (certains se sont fait distancer d'ailleurs) des études à Besac.

C'est en arrivant moi même dans cette ville, une fois mon bac en poche, que j'ai retrouvé presque la même bande et avec qui nous avons formé To Make You Collapse. On était un peu le groupe bizarre du coin, pour plusieurs raisons. D'abord, nous étions le seul à avoir deux basses, deux grattes, deux chants et une batterie... Et un mur d'ampli derrière nous ! Ensuite, venant tous de Dole (hormis le batteur, Mika, qui venait lui aussi d'un bled du Haut Doubs, Charmoille, et où nous allions répéter toutes les semaines), nous étions un peu les inconnus dans cette contrée et c'est vrai que nous faisions souvent bande à part et toujours ensemble. Il faut dire qu'à cette époque, à la fin des années 90, l'ambiance entre bands à Besac n'était pas des plus tendres, ça se tirait dans les pattes dans tous les sens.

Je crois que c'est la création de M.A.S.S.E, une symphonie indus relatant une journée d'usine, avec pas loin de 30 musiciens sur scène qui à changé la donne. En tout cas pour moi je crois que c'est le point de départ : 7 ou 8 percussions ou batteries, 5 grattes, 2 basses, 1 violoncelle, 2 violon, 2 alto, 1 piano, 1 flûte traversière, 1 contrebasse, 2 samplers, une machine à détruire les canettes vides... Les gens se sont mis à se parler d'avantage et à s'intéresser un peu plus sérieusement aux autres groupes ou genres de zique.

Bref, après cette création et une fois la clé sous la porte pour To Make You Collapse (nous n'avions plus les mêmes envies ni les mêmes « ambitions ») j'ai intégré Second Rate.
Que dire de ce groupe ? Je n'écoutais plus trop de pop à cette époque mais j'avais toujours une envie furieuse de monter dans un van, avaler des bornes, envoyer le pâté, discuter, boire, brailler avec des tas de gens alors quand Nasty Samy est venu me demander si j'avais envie de rejoindre leur aventure, j'ai accepté sans trop hésiter. C'était tout à fait ce que je voulais. De bonnes compos, de bons gars (même s'il y a eu quelques tensions malgré tout) et surtout 5 jours de répète pour apprendre un set que nous allions jouer 8 ou 10 fois juste après ! Je vous raconte pas les premiers shows, j'étais pas dans du coton ! Mais c'était une putain de belle histoire et c'est vraiment un groupe qui aura compté pour moi, comme pour les autres. Je suis resté à peu près un an et demi dans Second Rate et nous avons dû jouer dans tous les cafés concert que ce fichu pays peut compter. Sans oublier la Suisse et l'Angleterre. J'ai ainsi participé au mixage du premier album, enregistré le split avec Scuttle et composé avec eux les morceaux qui se trouvent sur le split avec Flying Donuts. Eh ouais, c'était ça aussi Second Rate, un groupe qui ne s’arrête pas, même s'il perd des membres. Le dernier bassiste m'ayant remplacé n'est autre que le bien nommé Crevette, un autre Fred avec qui j'ai d'ailleurs partagé la scène lors de l'ultime tournée, pour la réédition de l'intégralité de la discographie du groupe.

Après ça, j'ai joué dans Pornophonic, un groupe complètement atypique, avec basse batterie, synthé (au début) et platines ! Nous faisions de l'électro comme un groupe de rock : pas de clic, pas de samples, pas de rajout. Tout était joué live et les morceaux commençaient souvent par 4 coups de baguette, à l'ancienne quoi, ou garage comme on aimait à le rappeler. Nous avons aussi pas mal rigolé et peut être aussi abusé de certaines substances (l'alcool en ce qui me concerne). Nos relations étaient donc assez tendues et nous avons pris un jour la décision d'arrêter avant de nous foutre vraiment sur la gueule et de nous détester à tout jamais.

Après 1 ou 2 ans sans rien faire et un peu après le fin de Second Rate, Sylvain Bombled est venu me rechercher pour qu'on rejoue ensemble (on avait tout de suite très bien accroché quand j'étais arrivé dans Second Rate et nous nous étions dit que nous ferions sûrement encore de la zique ensemble). C'est ainsi qu'est né Generic. Nous avons d'abord essayé avec un autre musicien mais cela n'a pas pris puis encore un autre et pas mieux. Au final, on s'est dit que nous n'avions pas besoin d'un troisième laron et que nous avions surtout besoin d'un second ampli. C'est comme ça que nous avons trouvé la formule définitive pour Generic : une batterie, une basse, face à face et deux gros amplis de chaque côté ! L'aventure s'est terminée quelque 8 ans plus tard et depuis, je joue dans NoN.

Ton parcours associatif ?

Après avoir occupé les locaux du bastion en tant que simple utilisateur pendant de nombreuses années avec tous ces projets, c'est naturellement que j'ai voulu intégrer le C.A de cette asso. J'avais envie de mettre mon grain de sel dans cette structure, la connaissant déjà pas si mal.

Ah, et je suis aussi président de l'asso Dusk que j'ai créé avec Mitch. Cette asso avait l'ambition de devenir un label un peu particulier. Nous voulions pouvoir diffuser le plus de disques possibles avec un minimum d'argent. Le concept était basé sur un abonnement : chaque abonné recevait toutes les galettes que l'asso était en mesure de sortir avec les moyens qui rentraient par les abonnements. En fonctionnant de la sorte, nous n’étions pas considérés comme une structure commerciale puisque rien n’était à vendre mais tout n'était que cadeau. Nous avons tenu le coup pendant l'année 2003 puis nous avons cessé. Cela demandait une très bonne organisation et une grande rigueur dans la logistique : gestion des adresses physiques de chaque abonné, ce qui a été envoyé, ce qui ne l'a pas encore été… Et nous avons vite été dépassés, surtout en gérant cela tous les deux. En y repensant, c'est quand même con, on a peut être un peu vite baissé les bras face à l'ampleur de la tâche.

Qu’est ce que tu fous là ?

Parce que j'ai des réponses à vos questions !

Le mot de la fin ?  

Scandaleux !


Liens utiles pour comprendre de quoi on a parlé :
Le Bastion
NoN
Original Disease

Des trucs qui passaient sur la platine du Lutin pendant qu'on papotait :