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mardi 2 décembre 2014

Ben #Rogez2020

© 2014 François Guyon & Meghane Schevènement 8 août 2014

Ben est né en 1982. Originaire de Montbéliard, membre fondateur et salarié de l'association Mighty Worm, il a donc participé à l’organisation d'une sacré tripotée de concerts en plus de 10 ans.  Lucas, lors d'une interview précédente, disait de Ben qu'il avait le "serrage de paluches facile" : ses amis le poussent donc à se présenter aux prochaines élections municipales bisontines : #ROGEZ2020. Retrouvez les deux compères sur Radio Campus Besançon (102.4FM) chaque mercredi de 19h à 21h pour le Mighty Worm Radio Show (ou écoutez la rediffusion).

"Ton premier souvenir de concert ?

Je ne me souviens pas de grand chose, mon cerveau est à l’arrêt depuis quelques temps… Mon père étant violoniste, mes premiers contacts avec la musique se sont faits par le classique, j'ai vu un milliard d'orchestres pendant mon enfance. 

Quand je suis rentré à Montbé, j'ai sûrement vu des merdes au départ, peut-être la Ruda Salska à 16 ans... Plus les années passent, plus les souvenirs lointains s’effacent. Je me demande si ça n'est pas Two Tone Club que j’ai vu en premier, sans être sûr... A l’Atelier des Môles. Ou un autre groupe de Montbé, ça, de toutes façons, c’est sûr ! Un des groupes des Productions de l’Impossible je dirais. 

Dans l’absolu, je répondrais donc du classique : l’orchestre philharmonique de Polynésie Française. Voilà. Je devais avoir cinq ans. 

Premier concert que tu as apprécié ? 

Avec le recul maintenant, je dirais Flying Donuts, que j’avais vu aux Môles, il y a environ quinze ou seize ans. Il faut que je puise dans ma mémoire, c’est compliqué ! 

Premier groupe local qui t’a marqué ?

Comme je ne suis absolument pas objectif, je dirais Chocky Meadow, l'ancien groupe des Rebel Assholes. Ils avaient joué sur une grosse scène à une fête de la zic à Sochaux. Ça devait être en 98 ou 99 et ça m’avait mis une baffe, parce que c’était mes potes en fait. Ça me faisait triper de les voir jouer devant plein de gens sur une énorme scène - beaucoup trop grosse pour eux d’ailleurs - avec un look dégueulasse ! Ils se sapaient n’importe comment, c’était interdit ! Le mec avec une basse vache, tachetée noir et blanc, une espèce de chapka sur la gueule, veste Yougoslavia, des looks improbables ! L’époque où Jean Loose avait encore des cheveux...

Premier disque local qu'on t'a offert, que tu as acheté, piqué, emprunté, trouvé... ou autre ?

Le premier vinyle que j’ai acheté – je n'avais pas de platine à l’époque - c’était un split entre Hawaii Samurai et The Pipelines. J’ai mis huit ans avant de pouvoir l’écouter ! J’avais juste trouvé le vinyle cool : un petit 7", j’avais tripé, je le trouvais chouette ! Et puis le Chef [des Productions de l'Impossible], bon vendeur comme il est, avait réussi à me le refourguer alors que je n'avais rien pour l'écouter. Je le gardais en expo dans ma chambre, c’était vachement cool ! 

Le concert en région qui t’as le plus marqué ?

[Longue réfléxion] Le jour où on a fait jouer AC4 au Cousty avec le chanteur de Refused qui est là, devant toi ! Le mec fait un show de psychopathe alors qu’il n’y a personne dans la salle, c’était énorme ! J’étais avec les mecs des Jack [and the Bearded Fishermen], on se regardait : « c’est quoi ce gars ?! ». C’était incroyable. Incroyable !

Une anecdote à partager ?

Tous les mecs qui ont dormi chez nous, à l’appart Mighty... Tu finis à 5h du mat’ à fumer avec le mec de Refused, par exemple. Ca m’a bien marqué, tous ces groupes qui sont passés chez nous, tellement de gars que je ne pensais jamais voir, qui sont cool, qui font un putain de concert et qui, après, viennent dormir chez toi, sont contents d’être là, hallucinent d’être à Besac. 

S'il ne faut garder qu'un seul truc, je dirais quand on a fait jouer Bombshell Rocks aux Môles. Ils sont venus avec un roadie, un grand gaillard d’1m95. On leur avait filé une bouteille de Ricard pour le catering mais le mec ne savait pas que ça se buvait avec de l’eau. Il s’est descendu la bouteille de Ricard pur – les autres n’aimaient pas ça - et il a fini dans un état déplorable. Il faisait quand même peur - il était costaud - et on les a ramené à l’hôtel. Il hurlait jusqu'à ce qu'un type sorte d'une chambre fin vénère : « c’est fini ce bordel ?! » et là il tombe nez à nez avec le type ! Il s’est chié dessus et il est reparti dans sa chambre : « désolé j’ai rien dit…». Le roadie a fini par gerber dans la baignoire.

Servir du Ricard à un suédois qui ne sait pas que ça se boit avec de l’eau, ça fait très mal. Surtout pour lui. Mais c’était trop cool !

Tu nous dirais quelques mots à propos de Mighty Worm ?


On est potes de lycée pour la plupart. Lucas, je le connais depuis que je suis arrivé en France, en 92. On avait fait notre collège ensemble et on a rencontré Jean Loose en seconde, qui nous a fait rencontrer son pote Jean Rem - le gratteux des Rebel Assholes. Et puis Vava, le bassiste, qui était au collège avec nous mais qui avait un an de moins, on le connaissait juste comme ça.

Ils ont monté un groupe, Chocky Meadow, et on s’est dit qu’on allait monter une assoc’ en même temps : on voulait les faire jouer, ainsi que les Texas Mongols, vu que c’était aussi des potes de lycée. C’est une histoire de copains, de famille même : une famille de copains.

Ton implication dans la scène locale ?

Par passion tout simplement. 

Dans Mighty Worm, j’ai un peu occupé tous les postes. D'abord trésorier, j’ai ensuite été président pendant pas mal d’années. Comme je suis maintenant employé, j’ai quitté la présidence et Lucas m’a remplacé. 

Je m’investis dans quasiment toutes les tâches, sauf le graphisme : ça n'est pas du tout ma came et c'est la partie de Lucas. Je fais pleins de trucs : que ce soit le collage, l’administratif, les tunes, les dossiers de subs, les relations publiques… 

Par rapport à la scène bisontine, je dirais qu’au fur à mesure, on a su créer notre place dans ce microcosme local : au début ça n'était pas évident. On arrivait de Montbé, les mecs nous regardaient un peu de travers : « c’est qui ces cons qui font des concerts ? Des concurrents ? ». Peu de gens nous ont tendu la main tout de suite, surtout chez les « vieux », à part le Scam qui nous a accueillis à bras ouverts. Il nous a tout de suite dit « Putain, c’est cool ce que vous faites les gars, bon spirit ! ». À l’époque il avait un petit fanzine qui s’appelait « Rock or Die » où il y avait toutes les dates de Besac, et il nous a proposé de faire un petit papier sur l’asso, d’y mettre nos dates. 

Au fur et à mesure, on a connu plein de gens. On a écumé tous les rades de Besac et de la région. On est mêmes allés jusqu’à Strasbourg pour organiser des trucs. On a rencontré tous ces gens qui sont dans les musiques actuelles en fait, dont Uppertone ou le Citron Vert. Des administrateurs aussi : la Rodia, les Pdz, la Crèmerie… 

Je pense qu’on a fait nos preuves et les gens nous ont identifiés comme Mighty, on a une vraie place maintenant. Sur la scène bisontine, mais aussi au niveau du punk rock en France : plein de personnes nous connaissent. Jusqu’à maintenant ça s’est fait tranquillement, gentiment, naturellement. 

Je pense que c’est rare en France d’avoir une ville où les gens s’entendent aussi bien malgré les différences de musiques. En général c’est plutôt « bouh les vilains reggaemen, bouh les vilains mecs qui font de l’électro, bouh les vilains métaleux ! ». Alors qu’à Besac, la plupart des gens sont contents d’être contents, contents d’être copains : on est d’abord des humains qui ont des relations humaines et la zic vient après, c’est autre chose. Et ça, c’est le vrai bonheur !

En ce qui concerne l'avenir, mon contrat va bientôt se finir ; je sais qu'on ne pourra peut être pas garder la même cadence, parce qu'il va falloir que je trouve un "vrai" métier. Comme l'organisation représente beaucoup d’investissement  - arriver tôt, tu as de la com', des machins, des bidules - je pense qu’on va continuer à faire ce qu’on fait mais à un rythme moins soutenu. Peut être privilégier des fins de semaines, des choses comme ça. Mais l’avenir, je le vois toujours avec Mighty, rester dans le délire, essayer de faire avancer quelques projets… Peut être refaire une compil', continuer à développer l’activité DJ aussi. Parce que c’est moins de boulot, parce qu’on est du côté artistique, de l’autre côté du miroir finalement. 

Je suis assez serein, on fera comme on a envie de faire : on ne doit rien à personne maintenant. Et si on a envie de s’arrêter un jour, on le fera, parce que ça sera le bon moment. On ne se pose pas trop la question de savoir comment ce sera dans deux ans, dans trois ans. On vit l’instant et selon ce qui en découle, on prend telle ou telle direction, au feeling !

Qu’est ce que tu fous là ?

Qu’est ce que vous foutez là ? Vous m’avez demandé pour venir et j’ai dit oui ! Tu vois, j’ai du bon café, des canapés plutôt cool, de la musique, une bouteille de Pontarlier, si jamais, pour après ! 

Ma légitimité, c’est juste de faire partie d’une asso qui a douze ans, dont j’ai toujours été un membre actif. Et je suis un mec cool ! [rires]

Non, je ne sais pas s’il y a une légitimité à y être mais je pense que beaucoup de gens sont légitimes dans ce projet, des gens qui sont là depuis bien plus longtemps, des artistes et autres... Ma légitimité c’est juste de faire jouer des mecs. Je suis à l’étage du dessous on va dire, je suis entre le musicien et le spectateur : s’il n’y a pas de public, il n'y pas de concert, s'il n'y a pas d’assos, pas de groupes… Tout est lié, on a besoin les uns des autres pour fonctionner. C’est une chaîne, comme la chaîne alimentaire finalement. On mange tous un peu chez les autres. Faut pas non plus oublier que les musiciens deviennent aussi spectateurs et parfois organisateurs, et là, triple respect..

Le mot de la fin ?

Rogez 2020 évidemment ! Pour voir l’avenir sereinement, votez Rogez ! On sera bien, on fera des trucs cool ! Faut arrêter de mentir aux gens ! Les politiciens promettent monts et merveilles, et n'en font rien au final. Je trouve le système politique et les mecs de ce milieu tellement pourris, alors ça me fait délirer. J’aimerais bien faire un truc à la Coluche. J’irais peut être pas jusqu’au bout parce qu’après il faudrait que je quitte la ville ! Ce sera selon mon équipe de campagne on va dire. Faut que je recrute au large, on va se marrer, faire des meetings de ouf ! Des meetings Rock’n'Roll ! C'est vraiment un délire qu'on s'est tapé. 

Pour un autre mot de la fin, je dirais : supportez votre scène locale ! Tout simplement. Allez aux concerts, sortez-vous les doigts du cul, arrêtez d’aller sur youtube et ça continuera d’être cool ! Découvrez des choses, ouvrez vous l’esprit !

Liens utiles pour comprendre de quoi on a parlé :


Des trucs qui passaient sur la platine de Ben pendant qu'on papotait :