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jeudi 8 janvier 2015

Sébastien Dassé, dit Mitch

© 2014 François Guyon & Meghane Schevènement
27 octobre 2014


Mitch est né en 1973. Membre de groupes comme Hatfal ou Blindfold, collaborateur de Dum Dum Club, il est désormais correspondant du Centre Info Rock au sein du Bastion.

Ton premier souvenir de concert ?

Là, comme ça, je me souviens d'un Fest Noz en Bretagne au Faouët (au fin fond du Morbihan). Je devais avoir 6 ou 7 ans. J'étais sur les épaules de mon oncle, on a un peu déambulé dans les rues en suivant l'ensemble des musiciens. La puissance du son, l'ambiance euphorique des gens ont fait que j'ai adoré. C'est pas rock'n'roll dans la forme,  mais j'ai vraiment aimé ! [rires]

Premier concert que tu as apprécié ?

Le premier concert de rock que j'ai vraiment kiffé dans de bonnes conditions, c'est Iggy Pop, au Phoenix à Mulhouse. Mon père m'avait emmené avec mon pote rockeur, ça devait être vers 1990, pour l'album Brick by Brick. Cette salle n'existe plus, elle était au centre de Mulhouse dans un quartier obscur où tu avais tous les vieux loulous en perf's. Il y avait un trio power rock à la Ramones qui avait ouvert et c'était vraiment une bonne soirée classe , quoi !

Premier groupe local qui t'a marqué ?

Je dirais qu'il y en a deux. Les Skinny Boys, un groupe de 90 ou 91, un punk rock un peu cold et teigneux à la fois. Ils avaient des paroles très second dégré même si le chanteur apparaissait au premiers abords super sérieux et distant. Et puis Original Disease dont je n'ai pas raté un seul concert à l'Underground. En fait, à l'époque je n'étais pas trop punk rock mélodique et hardcore à l'américaine. Je connaissais les classiques punk anglais, je kiffais à fond les Buzzcocks mais j'ai jamais été très fan des Sex Pistols, dans le fond je les ai toujours trouvés un peu rétrogrades dans leur vision du rock, mais ça défonçait sérieusement !

J'aimais bien aussi  les groupes anglais comme The Clash, The Slits, The Stranglers quand j'étais môme. Du coup Original Disease et Désert Culturel chez les groupes "locaux", c'était se prendre une claque pour tous ceux qui allaient les écouter et les voir en  concert, c'était excitant  parce qu'ils avaient aussi un public bigarré. Il y avait les métalleux, les punks à crête, les p'tits gars mal peignés en converse... et pleins d'autres passionnés ! Il y avait même des mecs qui kiffaient le rap, la fusion qui venaient. C'était au début où j'étais à Besac. Deux  autres groupes, Lyonnais cette fois, m'ont marqué énormément : Deity Guns  et Condense !

Premier disque local qu'on t'a offert, que tu as acheté, piqué, emprunté, trouvé... ou autre ?

Au début où je vivais à Besac, j'achetais beaucoup de vinyles mais pas trop de local. C'est peut être pas immédiatement le premier mais je me souviens de la cassette et du CD autoproduits de To Make You Collapse, un groupe où jouait Lutin. Il y avait deux basses, deux guitares, une batterie. Ce groupe m'avait vraiment marqué par leur approche sonique. J'ai dû acheter d'autres cassettes de groupes locaux avant...mais je ne me souviens plus exactement , on était quand même déjà à l'ère du CD autoproduit !

Le concert en région qui t'a le plus marqué ?

Deity Guns à l'Underground. C'était un concert monumental, on était trente et ils nous ont retourné le cerveau ! Ça devait être en 1992 ou 1993. Une noise complètement dingue, une maîtrise du bruit incroyable avec une touche no-wave New Yorkaise. À ce moment là, ils sortaient un album qui était produit par Lee Ranaldo. Il y avait deux bassistes  les cheveux rasés sur les côtés et noirs tout attachés au dessus. Ils étaient ultra tribaux et faisaient des bruits incroyables avec leurs basses et leurs guitares. Ils jouaient avec des médiators en métal. 

A l'époque, c'était l'asso Twist Against qui organisait les concerts. Pour moi c'était une des associations les plus importantes de Besac parce qu'ils faisaient passer des groupes noise hardcore punk, c'était très aventureux et on a vu tous les groupes ricains émergents de l'époque et la scène noise/punk française naissante. Ils sont tous passés par là. C'était des gens un peu étranges ces Deity Guns !... Avec un style de noise-rock-hardcore ultra maîtrisé. Ça sonnait super bien dans une ambiance presque apocalyptique. Tous les darks de la ville étaient là ! Mais en même temps, c'était pas plaintif comme musique. Pour moi, c'était la claque !

Une anecdote à partager ?

Je suis pas très fort avec les anecdotes comme ça de but en blanc ! [rires] Je suis parti un matin acheter ma baguette de pain. A l'époque, il y avait plusieurs boulangeries rue de la Madeleine et elles étaient fermées. Je suis allé vers la Place Marulaz et j'ai vu des mecs faire du skate. Je me suis posé pour les regarder ; et le soir, je suis allé à l'Underground-Café voir un concert. En fait, les mecs que j'ai vu skater c'était les zicos d'Unsane ! C'était leur premier concert à Besac, peut être en 1994-95. Je pense qu'il y avait presque autant de monde à la balance qu'au concert : tout le monde voulait voir ça !  Ils ont cassé la sono ce soir là... ils ont foutu un bordel sonore phénoménal !

Ton implication dans la scène locale ?

Je ne suis moins impliqué dans la programmation qu'il fût un temps , mai j'ai été un facilitateur pour plein de choses pendant des années , même avant d'être salarié au Bastion , c'est à dire mettre les gens en relations à ma façon. Je ne suis pas  un érudit du rock mais j'essaie d'être un passeur de cultures. Depuis deux-trois ans, j'ai des objectifs plus ciblés. J'aimerais bien que tous ces groupes sortent un peu de Besac et fassent des tournées un peu plus conséquentes dans des lieux plus grands mais cela ne tiens pas qu'à moi...

Je suis salarié au Bastion depuis neuf ans maintenant, j'ai vu des tonnes de bonnes choses et c'est pas fini ! 

Ton parcours musical ?

Mon premier groupe c'était dans mon appart rue de la Madeleine avec un pote qui jouait du synthé. J'ai explosé un nombre incalculable d'enceintes Hi-Fi avec ma guitare désacordée ! On faisait un raffût d'enfer ! Ça n'avait pas vraiment de nom... Un jour on s'est acheté une boîte à rythme, on y allait petit à petit. Du coup on a commencé à répéter à l'Underground et on a monté Hatfal. Une boîte à rythme, deux guitares, une basse et un synthé, un chant. C'était assez hésitant mais nous y trouvions notre part de plaisir !

Après j'ai continué à jouer chez moi et pendant deux ans je n'ai pas eu de groupe. Quand j'allais chez mon père le week-end à Luxeuil, j'ai rencontré des mecs qui cherchaient un bassiste pour un tremplin, dont Nico, futur guitariste de Membrane. C'était assez minimaliste, très bruyant , une bonne expérience.

Par la suite, on a trouvé un autre batteur et un mec que j'ai rencontré dans le bus avec qui j'ai sympathisé  qui jouait de la basse a intégré le groupe. On s'appelait Blindfold. Une amie s'est mis à la batterie et on avait aussi une chanteuse. Rapidement, on a été mis en réseau, notamment avec le fanzine Kérosène. On a joué à Nancy où tous les groupes émergents passaient. Scam nous filait pas mal de coups de pouce, on a même fait une audition du printemps de Bourges. Et puis comme on avait des divergences de styles musicaux, je suis parti du groupe. A ce moment là, c'était le proto Membrane.

Ensuite j'ai joué dans Dum Dum Club, un groupe un peu virtuel. J'avais un bon pote informaticien et musicien qui faisait tout sur son ordinateur et qui nous invitait, chaque musicien, à venir jouer et il réorganisait tout. Ça devait être en 1997. J'ai fait des trucs comme ça pendant deux ans puis je n'ai plus eu envie de jouer de guitare... La musique électronique dance-underground m'intéressait et m'intriguait beaucoup surtout dans la vision du son ; et je me suis pris la jungle / drum&bass en pleine gueule, du coup je me suis mis à mixer même si je n'étais pas  très bon en technique de deejaying...

Ton parcours associatif ?

Quand j'ai commencé à apprendre à jouer, on répétait à l'Underground dans les années 90, il y avait une grosse vie là bas. Tous les week-ends il y avait des concerts organisés par certaines associations de la ville. Du coup je filais des coups de mains et surtout je venais découvrir avec curiosité les groupes qui jouaient. Après, avec mon groupe on s'est monté en association sur les conseils de Découvert Autorisé. Je me suis un peu plus impliqué dans l'associatif. En fait j'ai baigné dedans sans m'en être rendu compte. Comme j'étais bénévole au Bastion, je filais des coups de mains sur la Fête de la Musique. De 2002 à 2004, j'y étais stagiaire-bénévole.

Et puis un jour on m'a proposé d'être salarié...

J'aime ce côté où tout le monde a quelque chose à dire et à partager, ce n'est pas un lieu fermé et cadenassé comme on peut le croire de l'extérieur,  il y a une bonne dynamique , et tout un chacun peut y réaliser ses projets musicaux et y faire des rencontres.

Qu'est ce que tu fous là ?

Pourquoi moi ? Parce que  je soutiens  les musiciens qui ont des projets sérieux et j'essaie de leur donner les meilleurs conditions possibles de répétitions dans ce lieu si confiné... Je suis juste un passionné !

La scène bisontine a toujours été bouillonnante de talents et d'énergies ! Cette ville est très attachante par son histoire et ses habitants. 

Le mot de la fin ?

Bring the Noise !



Liens utiles pour comprendre de quoi on a parlé :



Des trucs qui passaient sur la platine de Mitch pendant qu'on papotait : 

Rien, on a profité du silence pour une fois.