20 mai 2014
Laur Veglam est né en 1972, l'année du glam rock. Il a fondé en 1999 veglam.com devenu aujourd'hui un site de référence dans les scènes rock’n’roll, glam, glitter, sleaze, punk et autres styles approchants. Laur a été disquaire au Salon de Musique, rue Claude Pouillet à Besançon au milieu des années 2000. Il est également batteur, notamment pour Ricky Rat ou Kevin K, et officie en tant que chanteur dans Vague Scare.
"Ton premier souvenir de concert ?
Jean-Luc Lahaye quand j'étais petit, avec mes parents en vacances, un concert gratuit sur la plage, peut-être à Port-Barcares. Il envoyait son hit « femme » en tête d'affiche, le genre d’événement super populaire. Je devais avoir environ 10 ans...
Premier concert que tu as apprécié ?
Jean-Luc Lahaye ! [rires]
Non, ce serait Mötley Crüe avec Skid Row en première partie en 1989, au Zénith de Paris.
On était montés en train avec un pote depuis Belfort, comme des grands, pour voir nos idoles. C'était un peu l'expédition, surtout en tant que mineurs. On avait un pote qui habitait à Paris, Stefan Thanneur, qui fait des pochettes d'album maintenant. Il avait déjà quitté Belfort pour un petit appart à Paris vu qu'il était un peu plus âgé, il nous avait hébergé pour la nuit.
Skid Row, on connaissait à peine. On avait juste entendu quelques morceaux, ça a été une grosse claque ! Aux premiers accords il n'y avait que les retours qui marchaient, même pas de façade, et là d'un seul coup, le son qui arrive, impressionnant ! Et voir un groupe comme ça à cette époque là, ça voulait dire aussi le public looké à fond qui va avec. Ça marque pas mal.
Premier groupe local qui t'a marqué ?
Sur Besançon, ça serait Second Rate, c'était des potes, on traînait beaucoup ensemble. Je connaissais Sylvain, le batteur, depuis super longtemps. Il habitait à Audincourt, on jouait dans des groupes un peu de la même scène punk hardcore au début des années 90. On est arrivés à peu près en même temps à Besac, vers 1993. Il jouait dans So Called Unlike avant ça, c'est à cette période que j'ai commencé à rencontrer les gens de la scène locale.
Premier disque local qu'on t'a offert, que tu as acheté, piqué, emprunté, trouvé... ou autre ?
J'ai rarement, voire peut-être jamais, acheté de disques locaux. On s'échangeait les cassettes de démos avec les autres groupes, vu que je jouais toujours dans un projet. Si c'est un cd, ça devait être Second Rate. Et en cassette, sûrement So Called Unlike entre 1995 et 1997, voire à peine avant.
Le concert en région qui t'a le plus marqué ?
Comme j'étais sur place, j'allais souvent aux Eurockéennes à l'époque. Les meilleurs concerts vus là-bas, ça serait sûrement Nine Inch Nails la première fois qu'ils ont joué et Manic Street Preachers en plein après midi, devant quelques connaisseurs en 1992, avant que le guitariste disparaisse.
Ça commençait à être bien gros au Royaume Uni, mais en France, c'était pas très connu, le groupe découverte quoi. Les mecs étaient totalement décalés par rapport à leur époque, on commençait à voir des trucs noisy, pop, shoegaze et eux ils arrivaient avec un gros look maquillé, complètement différent, glam punk, les gens hallucinaient pas mal. Devant, tu avais quelques crêtes, tu voyais que ces mecs étaient venus lookés pour le concert mais sinon, les réactions c'était plutôt « c'est quoi ce groupe, c'est bizarre ». C'était impressionnant !
Nine Inch Nails, c’était encore à la bonne époque. Après quand je les ai revus en 2005, c'était plus vraiment très bien. La première fois, ce que j'avais bien aimé, c'était le côté chaotique, un peu comme Ministry (super impressionnant aussi d'ailleurs), ça devait être vers l'album Downward Spiral, ils se balançaient encore du talc et de la farine sur scène...
Une anecdote à partager ?
La fois où je me suis fait inviter par Queen Adreena en concert peut-être ?
Je les ai rencontrés à Data Music, il n'y avait pas beaucoup de promo pour la date, j'avais su ça peut-être la veille. Tu ne pouvais pas les louper dans la rue d'Arènes, lookés bien glam, alors j'ai entamé la conversation. La chanteuse m'a dit, « tiens, t'as un look cool, je te mets sur la liste d'invités, tu seras le seul». Le concert avait lieu au Cousty, devant 30 personnes... Vraiment cool !
Ton implication dans la scène locale ?
Quand des groupes en tournée me demandent pour jouer dans le coin, j'essaie de faire suivre l'info ou alors j'organise, avec Bad Obsession par exemple. Dans les styles qu'on aime, qui ne sont pas forcément les styles appréciés en France ou même dans la région, on essaie d'organiser quelques événements. Ensuite, je ne fais pas beaucoup de choses, à part quelques soirées dj's, quelques concerts en tant que spectateur ou acteur...
Ton parcours musical ?
Mon tout premier groupe, c'était à Belfort en 1989 ou 1990, j'étais à la batterie avec des mecs qui n'ont pas vraiment persévéré après. Ensuite deux, trois petits groupes dans la lignée un peu glam-punk, mélange d'influences : on écoutait aussi bien les Sex Pistols pour le coté punk, Mötley Crüe ou des trucs plus glam d'époque, ça m'a amené plus tard à la scène New York Dolls, Hanoï Rocks. Je ne savais pas forcément que ce mélange existait, il n'y avait pas le net pour découvrir. On n'écoutait pas forcément The Cure, ça passait à la radio donc on osait pas trop le dire ! Depeche Mode, pareil, j'ai appris à aimer plus tard, à l'époque Violator.
Mon premier groupe à Besançon, c'était à l'époque où les Passagers Du Zinc s'appelaient encore l'Underground. C'était un peu plus roots, avec un groupe qui s’appelait Flood, une soirée de nouvel an 1992 ou 1993, on faisait du punk hardcore. Un peu plus tard avec ce groupe, on a même joué avec Snuff.
Ensuite, il y a eu Sparkling Bombs, puis les plans backing band : Kevin K, Ricky Rat. J'ai eu un projet qui s'appelait Dagger Dates aussi à Besac, je faisais le chant, ça a duré un peu moins de deux ans, c'était plus post-punk. J'ai aussi dépanné à la batterie pour les parisiens de Guttercats, ils n'arrivaient pas à trouver quelqu'un là-bas, et ce qui devait durer l'espace de quelques concerts s'est étiré sur un an. J'ai enregistré une partie de Black Sorrow, leur dernier album, dans un studio à Pigalle. Mais dans ma tête, je n'étais qu'un remplaçant alors quand ils ont trouvé quelqu'un d'autre, j'ai cédé la place.
Sinon, j'ai Vague Scare qui est tout neuf, né en 2014 à mon initiative. J'avais quelques plans bricolés au synthé, quelques trucs qui dataient de Dagger Dates pas exploités. J’ai alors recontacté Fred avec qui je jouais déjà, je lui ai fait écouter et il a fait des arrangements.
Tu nous parlerais un peu de ton site Veglam ?
J'ai commencé aux débuts du net. A l'époque, j'avais un fanzine papier avec Olivier qui était à Audincourt, ça s'appelait Co-existence, axé punk hardcore. C'était dans les années 90, rien ne me correspondait musicalement alors je me suis intéressé à des groupes hardcore, plus engagés politiquement par rapport au végétarisme. Les numéros faisaient une vingtaine de pages, on les distribuait en local, mais aussi au niveau national. Encore maintenant, je reçois parfois des mails de mecs qui cherchent des vieux numéros. C'est aussi comme ça que j'ai accroché avec Sam à l'époque de Second Rate, il avait déjà cette culture du fanzine.
Pendant que je passais une maîtrise d'anglais à la fac, on avait une salle à dispo avec le net pour faire nos recherches, j'en profitais pour découvrir ces groupes qui faisaient encore ce que j'aimais : des groupes de glam punk à la Trash Bats par exemple, le groupe de Ricky Rat, que j'ai interviewé à l'époque. J'étais surpris qu'il existe encore une scène en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne, ça m'a motivé pour essayer de faire quelque chose ; il y avait bien Glitzine, mais rien d'autre. Je n'y connaissais rien du tout, alors au début c'était une simple page Aol avec quelques news, les premières interviews par mail. J'étais loin de me douter que 15 ans plus tard, je tournerais avec Ricky Rat.
Et Bad Obsession Prod ?
C'est Alex qui a créé l'asso, il avait envie de refaire des choses. A la fin des années 90, il avait une asso qui organisait des concerts, certains pour Second Rate par exemple. Il m'a demandé de l'aider pour faire jouer des groupes un peu plus old-school, que les autres ne font pas jouer ici.
Premier concert que tu as organisé ?
Je me rappelle du lieu : le Nelson Bar à Audincourt. On pouvait faire des concerts le dimanche, notre CBGB à nous, alors on organisait du punk hardcore, ça ramenait du monde, c'était cool. Je ne me souviens pas du nom du groupe par contre, sûrement des allemands...
Qu'est ce que tu fous là ?
Peut-être parce que je fais un truc assez personnel ? A Besançon, je dois être tout seul dans ce trip-là, et même s'il y a des gens qui ont des goûts proches, ça reste rare de trouver des gens avec qui partager mon intérêt pour cette scène. En France globalement, mais ici encore plus. J'imagine que je contribue à la variété (un peu comme Jean-Luc Lahaye [rires]) de la scène locale.
Le mot de la fin ?
Qu'est ce que tu veux dire après ça ? Jean-Luc Lahaye ! Je tiens tout de même à dire qu'il y a des vidéos où on le voit porter un t-shirt Black Flag ! Faut pas sous-estimer le côté punk de Jean-Luc Lahaye ! [rires] "
Liens utiles pour comprendre de quoi on a parlé :
So Called Unlike (un morceau sur soundcloud)
Des trucs qui passaient sur la platine de Laur pendant qu'on papotait :