20 octobre 2014
Né en 1977, Nasty Samy a quitté son Haut-Doubs natal (Morteau puis Pontarlier) sitôt le bac en poche pour venir à Besançon. Foutrement multicarte et musicalement hyperactif, le bonhomme a joué notamment (ou joue encore) dans : Second Rate, Hawaii Samurai, The Black Zombie Procession, Demon Vendetta, Hellbats, Teenage Renegade, il a également collaboré avec Dumbell (usa), Scott 'Deluxe' Drake (usa) et Simon Chainsaw (australie). Il écrit dans New Noise Mag, R.A.D. Motocycles Magazine, Rise Tattoo Magazine, a écrit un bouquin sur ses 30 000 bornes d'aventures américaine lors d’un road trip de 6 mois ("Continental Divide"), compilé et édité un excellent recueil de textes traitant de l’expérience des premiers t-shirts de groupes rock achetés et portés ("Explosions Textiles"). Il publie également son propre fanzine Everyday Is Like Sunday et anime un podcast appelé Now It’s Dark.
Bref, impossible de lister de manière exhaustive les productions de cet activiste boulimique.
"Ton premier souvenir de concert ?
C'est loin, je ne me souviens pas du groupe, je devais avoir 15 ans, probablement dans un bar qui s'appelait le Surabaya à Morteau - le petit bled de 6000 habitants dont je viens. Il y avait plein de concerts à un niveau local, on transitait entre Morteau et Pontarlier, la "grosse" ville de 20 000 habitants à côté [rires]… Mes potes et moi fréquentions aussi le Café du Théâtre à Pontarlier, où il se passait pas mal de choses musicalement.
On allait dans ces cafés-concerts tous les week-ends, mais il ne devait y avoir qu'un ou deux concerts par mois. La programmation était axée autour du rock et des trucs affiliés, punk, hardcore, fusion, et un peu de métal. Tous mes potes de Morteau et Pontarlier, sans exception, étaient dans ce délire rock, à guitares. En y repensant, il y avait un gros vivier et une bonne culture rock dans ces deux petites villes.
Ça n'était pas simplement de petits groupes locaux qui jouaient, mais des groupes qui étaient en tournée. J’ai d’ailleurs vu jouer des groupes en tournée avant de voir des groupes locaux, c’est important de le souligner. J'ai des images floues, d'aller dans ces bars et d'apprécier, sans avoir de souvenirs exacts des groupes.
On s'en foutait un peu de la musique, ce qu'on voulait, c’était juste passer de bonnes soirées entre potes ; quand tu es gamin, tu ne juges pas comment les groupes jouent, si c'est en place, si le son est bon ; tu veux juste passer une soirée cool, parce que tu as passé toute la semaine au collège ou au lycée, et que tu veux décompresser un peu. Mais la musique rock et les concerts ont très vite été des toiles de fond à nos week-ends d’adolescents.
En gros truc, je me rappelle avoir vu Noir Désir en concert, en 1992, à Besançon, (Montjoie) pour la tournée Tostaky, avec le groupe havrais The City Kids en première partie… J’y étais allé avec mon père et sa copine, ils m’avaient proposé de les accompagner, même si je n’étais pas ultra fan du band à l’époque (mais ma copine de l’époque, comme toutes les meufs en fait, était plutôt fan), j’en garde un bon souvenir.
Je me rappelle aussi d'un américain qui jouait du rockabilly qui s’était installé dans la région, il avait dû rencontrer une meuf du coin. Tom Cat Blake, ou un truc du genre. Il est encore dans la région d’ailleurs, il joue toujours, il est dans un trip plus bluesy maintenant. Ce mec là me faisait rêver. Mon père avait acheté la démo K7 à un de ses concerts au Surabaya - j'écoutais du métal, du punk bourrin, mais j'avais déjà cette sensibilité sur le rock américain : les mecs bien coiffés, bien habillés, qui renvoyaient un truc, mix de classe, d’attitude et de charisme. Bref, il a joué dans ce rade et ça m’avait bien plu, je devais avoir 15 ans… Dans ce style, à l’époque je ne connaissais qu’Elvis Presley et les Stray Cats (que j’écoutais chez mon père), et lui, il renvoyait ce truc. Je n’avais aucune idée de ce qu’était la culture rockabilly à cette époque. Là on parle de 1993/1994 environ, à la louche, dur de vraiment me souvenir des dates exactes. Il ne m'a pas influencé musicalement, mais quand je le voyais, je faisais la distinction entre lui et d'autres mecs, ce truc vintage, ça me titillait déjà un peu. Et c’est le premier que j’ai vu en concert dans ce style.
Les groupes qu’on voyait avaient des K7, personne ne sortait de CD à l'époque, ça n'existait pas, ou c’était trop récent, et trop cher. Les premiers supports que j'ai eu, c'était des vinyles. J'ai connu ce nouveau support quand c'est arrivé, les compact-discs on appelait ça, on hallucinait, ça coûtait hyper cher et personne n'avait de platine. Il a fallu que j'attende d'être au lycée pour en avoir une, les CDs étaient déjà sortis depuis 5 ou 6 ans.
En vinyle il n'y avait que les gros trucs, donc forcément, le premier support que j’achetais quand je voyais un groupe, c'était la cassette ; pas forcément de la démo, ça pouvait être fait professionnellement, sous cellophane, un beau truc.
Je me rappelle aussi vaguement d’un concert dans le hall de mon collège, un groupe de Besançon, Docteur Gang je crois, qui envoyait du hard rock assez costaud. Idem ça doit remonter à 91/92 peut-être.
On bougeait beaucoup : je suis sorti très tôt, et j'ai fait du stop très tôt. En 1992, tu tendais le pouce à Morteau pour aller voir un concert, tu ne savais pas QUAND tu rentrerais ni COMMENT tu rentrerais, c'était la super aventure. J'allais aussi au Cube, c’était peut-être à peine plus tard… une salle de 300 personnes à Audincourt, il y avait des pointures internationales, et tu voyais des groupes énormes. Enfin, énormes, à notre échelle. J’ai vu pas mal de truc métal, death/thrash et compagnie à cette époque, mi 90 on va dire. Il y avait le Montjoie aussi à Besançon. Pour aller à Besançon à l’époque tu mettais 1h30, tu passais par tous les patelins, on allait à la ville, quoi ! Tu rentrais à 5h du matin, en stop, complètement wasted, je devais avoir 15 ou 16 ans... Il y avait aussi la Suisse, on allait régulièrement à la Chaux-de-Fond (Bikini Test) ou à Neuchâtel (la Case à Choc), bref il y avait toujours un truc à faire quand j’y repense… on se plaignait tout le temps, mais c’était quand même bien vivant… peut-être même plus que maintenant !
Il y avait beaucoup de concerts entre toutes ces villes, c'est vite devenu un rituel d'y aller.
A la même période, ça paraît peut-être con à dire, mais il y avait aussi les bals. C’était vraiment un truc de chez nous. Les groupes de Bal jouaient un peu de rock, et il y avait toujours le moment où ils reprenaient du Trust, Téléphone, Sex Pistols, Nirvana, Metallica, Bon Jovi... C'était du rock pour nous, même si c'était pas notre truc ces nids à blaireaux, avec tous ces mecs que tu ne pouvais pas blairer dans la cour du lycée… mais bon, c’était des concerts quand même, hein !
C'était une alternative à la discothèque, mais ça, on savait depuis le début que c'était no way, si on y allait, on allait s'ennuyer ou se battre (enfin, se faire rosser plus exactement)... Le bal, c'était des mecs qui jouaient pendant 4h des classiques, beaucoup de merde, mais aussi du Deep Purple ou ce genre de choses - ça parait un peu beauf et ça l’était [rires] mais je serais malhonnête si je te disais que je ne suis jamais allé dans des bals… avec mes potes, on écoutait du hard rock à fond, et les mecs reprenaient du AC/DC et ce genre de trucs, tu avais un set variété et un set typé "rock dur", tu buvais des canettes avec tes potes, tu reluquais un peu… on se faisait chier, mais bon, quand il n’y avait pas d’autres concerts ou d’autres soirées, ça dépannait quand même. Ça, c’était un peu avant qu’on aille vraiment dans les "vrais" concerts.
Voilà, ce sont mes premiers souvenirs de concerts : les cafés concerts de Morteau et Pontarlier, quelques bonnes salles à Besançon et en Suisse dans lesquelles on se rendait en stop et…. les bals !
Premier concert que tu as apprécié ?
Tous, j’ai envie de te répondre. On appréciait tous les concerts de rock ; c'était davantage des souvenirs de soirées, le concert on s'en foutait, on était là, on regardait, on n'avait pas de blé pour acheter une cassette, ça n'était même pas une option au début. Ma mère me filait 25 francs pour le week-end, ça payait juste quelques canettes et du mauvais shit acheté à plusieurs… Les concerts, c'était juste des bandes sonores pour nos soirées. Au début, on ne jugeait pas, on trouvait ça cool, la soirée globale était cool, on était excité de passer des soirées dans des bars, comme les "grands", on prenait ça dans la tronche.
Le lundi, quand on se retrouvait en cours, on ne parlait pas du groupe, on disait qu'on avait passé une bonne soirée, le groupe était inclus, mais ça n'était pas spécifique. Maintenant quand je sors, je ne juge QUE le groupe, le reste je m'en fous, après je rentre chez moi. [rires]
Le premier groupe que j'ai apprécié, ça sera sûrement le premier que j'ai vu, et je ne pourrais pas me souvenir du nom, c’est loin, j’ai plus ou moins répondu dans la première question. Je n'ai que de bons souvenirs de cette époque : je sortais, j’apprenais, j'étais content.
Premier groupe local qui t'a marqué ?
Original Disease, groupe punk hardcore de Pontarlier qui a ensuite évolué vers une formule fusion/crossover. Je me suis d’ailleurs fait tatouer le logo il y a trois ans sur la jambe. C'est grâce à eux peut-être, que j'ai décidé de faire ce que je fais aujourd'hui. J'ai compris que tu pouvais faire des choses concrètes, même si tu n'as pas beaucoup d'outils et pas beaucoup d'argent.
On fréquentait le même bar à Pontarlier, ils étaient un peu plus vieux que moi de 5 ou 6 ans. Je les voyais partir sur la route avec des groupes, ils tournaient à l’époque avec Les $heriff, des groupes ricains, italiens. C'était énorme pour moi à l'époque. Ils avaient des petits encarts dans la presse nationale, des chroniques, ça me rendait fou, ça me faisait complément rêver. Ils organisaient des concerts aussi. Ça nous a poussés avec des potes à monter un groupe et essayer de faire la même chose. Pas spécialement dans la même veine musicale, mais ils ont clairement montré l’exemple, et ils étaient dans une dynamique de punk hardcore américain, ça faisait clairement la différence pour moi.
Le mec qui manageait Original Disease, et qui a été le deuxième chanteur du groupe (Cu !), c'est celui qui allait fonder 25 ans plus tard Kicking Records, qui produit une partie de mes disques maintenant. Comme quoi. A l’époque on ne se connaissait pas, mais après OD, il a plus ou moins suivi ce que j'ai fait musicalement, et il m’a proposé de sortir le premier album de The Black Zombie Procession, il a fondé sa structure pour que je puisse le sortir, c’est le disque qui a été la première pierre de son label.
C'est le premier groupe qui m'a marqué, parce qu'ils sortaient des démos, des 45T, qu'ils tournaient avec des groupes que j'aimais, ça me paraissait hors de portée. Et pourtant c'est juste des mecs qui fréquentaient le même bar que moi, donc d'un coup, ça a été possible d'envisager tout ça ; à 16 ou 17 ans, je me suis dit qu'il y avait moyen de faire un truc, pas de jouer au bal, mais fonder un groupe et aller jouer à 500 bornes de chez toi. Même si ça a mis du temps à se concrétiser sérieusement, j’avais déjà conscience que c’était jouable. Grâce à eux.
Ils jouaient une sorte de punk hardcore, un peu à la Suicidal Tendencies, un peu fusion mais en venant clairement de la culture punk. Le premier chanteur avait fondé Final Blast avant ça, un des premiers groupes punk hardcore français, il éditait un zine, etc.
Ils faisaient aussi ce truc d'orga de concerts, ça n'était pas QUE musical. En tout cas j’ai l’impression qu’ils étaient liés à l’orga concert, je me trompe peut-être, mais bon ils avaient une incidence sur les groupes qui jouaient à Pontarlier, c’est sûr, la prog’ était quand même bien pointue pour un bled de ce type ! Tout de suite, pour moi, il fallait que ça soit un tout, la musique, les mecs, comment ils étaient habillés, comment ils se tenaient sur scène, ce qu’ils renvoyaient. Il fallait qu'un groupe de rock te renvoie un truc, que tu rentres dans un monde, dans un état esprit, peu importe que ça soit métal, punk ou pop - tous des styles que j'écoute - mais il fallait que je rentre dans leur univers et qu'il soit singulier.
Original Disease, ça a été le premier groupe singulier et pointu du coin, à un niveau local je pense qu’ils ont catalysé des trucs.
Ils ont commencé à la fin des années 1980, c'étaient de bons défricheurs de terrain. La culture hardcore explosait aux States, mais pas chez nous, c'était la génération d'avant, des mecs à fond dans Black Flag, Bad Brains, Minor Threat, etc. Ils me faisaient rêver, un gratteux portait un t-shirt Poison Idea, l’autre un t-shirt Bad Religion (pointu à l’époque !) et ils faisaient leurs balances en envoyant de vieux riffs de Metallica, bref tout allait bien ! [rires]
Premier disque local qu'on t'a offert, que tu as acheté, piqué, emprunté, trouvé... ou autre ?
Je dirais une cassette d'Original Disease achetée au début des années 1990, un live ou une démo, je ne me souviens plus trop. Plus ou moins à la même période, il y a eu une cassette de Gang Bang aussi, l’autre groupe du chanteur d’OD. Peut-être un live aussi, d’ailleurs. Ça doit dater de 92/93, environ, peut-être un poil avant, dur d’être précis.
Parce qu’à l'époque, les cassettes, ce n'étaient pas que des démos, il y avait aussi des groupes qui vendaient des lives. Bon, le son n’était pas terrible, des sorties de console en direct, mais tu avais l'impression d’être au concert, ou de revivre ta soirée si tu y étais allé.
Sinon, il y avait un groupe de Morteau, qui jouait du Hard FM américain typique de l’époque : EZRA. Mes premiers cours de guitare, je les ai eus avec leur guitariste, un guitariste monstrueux, qui m’a montré mes premiers plans de tapping ! [rires] Je me rappelle lui avoir ramené un morceau de Loudblast de l’album "Disincarnate" pour qu’il me montre comment le jouer, ah ! Je n'aimais pas spécialement ce qu'ils faisaient, ça n'était pas mon truc, mais ce sont les premiers à ma connaissance dans le Grand-Est à avoir sorti un truc au format Compact Disc. Je dirais que ça date de 90/91. On m'avait prêté ce disque, je voulais savoir qui avait sorti ça, comment c'était fait, etc. Ca m’intriguait. Ils avaient eu une chronique dans Hard Rock Mag, ça me faisait tripper. C'est le premier groupe du coin que j'ai vu bouger pour faire un concert à Paris ! La classe ! Faut resituer le truc, je suis allé en vacances scolaires en Espagne et en Angleterre avant d'aller à Paris, hein, pour nous c’était le bout du monde, la capitale quoi ! Tout début 90, ça paraissait impossible. Mais eux l’ont fait, Ezra mec. Des cambroussards à nuques longues qui montent à Paris pour faire un concert, ça me rendait fou !
Le concert en région qui t'a le plus marqué ?
Dès le premier, ça a été des claques tous les week-ends. Comme je le disais dans une de tes premières questions, on prenait tout dans la tronche, on n’analysait pas. En plus des petits concerts dans les cafés-concerts dont j’ai déjà parlé, il y avait tous ces groupes internationaux, j'ai vu la première tournée de Machine Head au Montjoie, en 93/94, j’y suis allé en stop, idem pour Suicidal Tendencies et Infectious Groove, c'était génial. Fear Factory à Lons aussi, à la même période. A Pontarlier, à la même époque, il y a eu Dog Eat Dog, Strung Out, No Use for a Name, entre 94 en 95, Coroner, Loudblast, Massacra, Merauder, Slapshot au Cube, idem entre 94 et 96, et les trucs français genre Treponem Pal, Hoax qui étaient souvent dans la région, et bien d‘autres… Tous ces groupes, on ne savait pas que 25 ans plus tard, ça allait devenir de grosses locomotives dans leurs styles respectifs. C’était les premières tournées européennes de ces groupes ricains. On ne savait pas que ça allait devenir ce que c'est devenu aujourd'hui.
Ces groupes sont importants, mais les groupes de bars sont peut-être plus importants encore, parce qu'il y avait ce truc de proximité. J'étais plus attentif à ça. Les grosses machines c'était cool, mais impersonnel, partager des trucs avec 700 personnes... Tandis que quand tu étais au Café du Théâtre ou à l’Under à Besançon, tu voyais un groupe de Rennes, Paris ou de Poitiers, pour moi c'était comme un groupe étranger, ils étaient à des centaines et des centaines de bornes de chez moi ! Je me rappelle bien aussi des groupes locaux à Besançon : Dexter, Plugged, Carcariass, Tribal Groove, Sulfate Football, To Make You Collapse, des groupes que j’ai vus les premiers mois lors de mon arrivée à Besac, en 95/96, j’étais toujours impressionné, même si ça me faisait chier de le dire. [rires] On avait joué avec Flood à Pontarlier, un groupe de Belfort, avec un de mes premiers groupes, genre en 95, ça m’avait salement scotché. Mais lequel j’ai vu en premier, je ne m’en rappelle pas, ça se joue dans un mouchoir de poche.
On prenait tout sans trier, je le répète c'était plus les soirées que les groupes qui importaient, la musique était importante, mais le lundi, on parlait de la soirée qu'on avait passé : bonne ou mauvaise. Que le groupe soit bon ou pas, on s'en pétait. On pouvait passer une excellente soirée dans un bar où il y avait eu un concert pourri, aucun problème.
Concernant le concert en région qui m’a le plus marqué, je ne peux pas choisir.
Je prends le pack, je ne sors pas un groupe précis de tout ça !
Une anecdote à partager ?
Des trucs marrants ou sordides, il y en a des tonnes, mais là je n'ai pas d'idées précises, il y a eu trop de soirées improbables où tout était possible, des dérapages incontrôlés, des trucs chelous ou hilarants… Et ça implique toujours d'autres personnes, donc je ne peux pas t’en dire plus, par politesse ! [rires]
Tout ça, c'est pareil, c'est le pack entier que je garde en tête, pas une seule soirée précisément.
Je passe.
Ton parcours musical ?
Ouch, ça va être long, il faut que je revienne sur tous mes groupes ? Ouais ? T’es sûr ? Bon.
Classique, premier groupe au lycée, j'ai commencé la gratte en classe de seconde, je voulais jouer de la basse pour je ne sais quelle raison… Mon père m'a acheté une guitare sèche injouable en me disant : si tu arrives à faire un an là dessus, que tu arrives à sortir un son, on pourra envisager la prochaine étape.
En fait je suis resté à la guitare ; j'ai finalement revendu cette gratte pourrie, je suis allé bosser avec lui - il était bûcheron - sur les chantiers forestiers pendant quelques week-end, pour acheter mon premier ampli et ma première "vraie" guitare. Ça a commencé là.
J'écoutais principalement du métal et du hard rock classique, ainsi que les gros trucs de l’époque, fin 80 début 90. Mon père écoutait beaucoup de musique, il allait voir des concerts, achetait des disques, lisait des magazines, il était bien pointu. Mais pour lui, toute cette culture hard-rock/métal, c'était un truc de beaufs, de blaireaux, il écoutait tous ces trucs goths anglais, de la pop anglaise et du punk américain un peu raffiné.
Quand c'était gras et brutal il n’aimait pas.
Bref pour moi, tout ce qui avait trait à la musique, c'était la norme, j'ai écouté de la musique super tôt, avec mes potes mais aussi avec mon père.
Mes premiers souvenirs, c'est quand j'allais chez mon père : il écoutait les Smiths, Gun Club, Echo and the Bunnymen, les Clash, Ramones, Buzzcocks, Pixies, Dead Kennedys et je connaissais déjà tous ces noms alors que je devais avoir 10 ou 11 piges. Ecouter des trucs plus bourrins, c'était aller à l'encontre de ses goûts, en fait.
Dès que j’ai ma guitare, je prends quelques cours, je joue avec des potes du bahut, on essaie de reprendre ce qu’on aime, c’est en 93 environ… mon premier groupe c'est un groupe de reprises, du métal, du hardcore, etc. : Slayer, Metallica, Anthrax, Sepultura, Leeway, MOD et les gros trucs de l'époque et à côté, dans mon coin, je joue du AC/DC, du Guns N' Roses, du Maiden, du classique quoi, avec de bons plans guitares à bosser.
Mon premier concert, je le fais en 1994 ou 1995 au Café du Théâtre ; on s'appelait Catharsis, un mec du bahut qu’on connaissait vaguement qui dessinait avait fait une affiche vraiment cool. On changeait de nom tout le temps, le groupe est devenu Shock Proof par la suite, on ne faisait pas grand-chose à part répéter, on essayait de progresser sur nos instruments respectifs. Du métal, genre thrash classique, on était passé au NY Hardcore fortement métallisé. Le Café du Théâtre, c'était assez cool, c'est là que je voyais tous les groupes, donc c'était ouf’ de pouvoir y jouer, le premier gig qu’on a fait, on n’en revenait pas, alors que tu pouvais mettre à peine 70 personnes dedans. J'y joue encore de temps en temps avec mes groupes, mais à l'époque ça me semblait barge. C’est un lieu vraiment important pour moi.
J'ai eu mon bac difficilement, mais je l'ai eu en 95/96. Je suis arrivé à Besançon en 96 et c'est là que tout s'est ouvert. Je voulais partir de mon bled, je voulais aller à la Fac juste pour avoir l’opportunité d’habiter Besançon. Même si j'avais passé de belles années au lycée, je savais que c'était trop petit pour ce que j'avais envie de faire, Besac me semblait vraiment fat, ça brassait bien, toutes ces librairies, ces cinés, ces lieux où il y avait des concerts, des locaux de répet’, bref le paradis. Déjà le premier truc, je voulais m'inscrire à la médiathèque. [rires] Tous ces CDs, ces bouquins, là ça me parlait. Et les concerts m'attiraient, on connaissait déjà les lieux puisqu'on venait déjà en voir le week-end quand on était au bahut à Pontarlier.
Une fois que j'ai posé un pied à Besac, j’ai répondu à une annonce de Sylvain (aka Bombled, le Marquis du Mal), je ne le connaissais pas, c’est comme ça que je l’ai rencontré. J’avais vu son ancien band en concert, So Called Unlike à Pontarlier. Je crois qu'on s'est rencontrés au Yam's. Il avait un groupe avec sa copine et ils cherchaient un guitariste, dans un délire punk-hardcore, je venais du métal et du hardcore bourrin, mais on a essayé. C'était en 1996, ça s'appelait Unduly. On a joué un an et demi ensemble, on a fait une quarantaine de concerts, enregistré une K7 démo, on avait commencé à bouger un peu hors région, les prémices de Second Rate. Marie a arrêté pour se consacrer à ses études, et deux potes de Morteau sont arrivés : Jon et Tyco, pour former Second Rate. Eux jouaient dans The Gimp à l’époque, un groupe de hardcore mélodique, avec le chanteur d’Original Disease (tout se croise !).
Second Rate s'est donc formé à la suite du split d’Unduly et tout s’est enchaîné à partir de 1998, tout est devenu un peu plus sérieux, à tous les niveaux.
Le groupe a pas mal marché, on a fait pas mal de concerts, je me suis fait des connections dans le réseau indé/punk/hardcore... Second rate, ça m'a donné les outils, la manière de travailler, ça m'a appris le job finalement. Quand tu fais les choses une fois, tu sais les faire, pour moi ce groupe ça a été la première marche.
Second rate s’est séparé en 2003, après 5 ans d’activité, 3 démos, 3 albums, des splits et des EP’s. Je venais d’intégrer Hawaii Samurai, qui au début était juste un délire, c'était un side-project fun, rien de plus, j’ai remplacé le premier bassiste, le groupe n’avait fait qu’une poignée de concerts localement et sorti une demo CD-R, c’était encore un groupe de surf très classique, un party band. Le Buen et le Den's, que je connaissais déjà, m'ont demandé de jouer de la basse. J'étais guitariste, mais je jouais également un peu de basse. La surf music, ça restait un truc plutôt vague pour moi, je connaissais peu cette culture. Je me suis mis dedans, on s'est mis au boulot, et le groupe est devenu plus sérieux très rapidement, avec concerts, disques et tournées à l’appui. Les gens ont l'impression que Second Rate tournait pas mal, mais Hawaii Samurai tournait beaucoup aussi, on a joué beaucoup à l'étranger. Bref, c’était une autre école, mais du coup, je me suis retrouvé à être de nouveau beaucoup sur la route avec ce groupe à la fin de Second Rate, ça s’est bien enchaîné.
J'ai monté Lost Cowboy Heroes à la même période : 15 jours après Second Rate, avec le dernier bassiste de ces derniers, Fred, on répétait déjà avec l’idée de fonder un nouveau band. Ca a duré un an et demi, une grosse quarantaine de concerts environ, on a sorti un album, un split CD et un 45T mais ça n'a pas fonctionné : erreur de casting ; c'est dommage, j'aimais bien musicalement.
Hawaii Samurai a splitté fin 2005, après avoir bien tourné et sorti 3 albums et deux 45T… et là, pendant un an, rien. Je passe d'une période avec 80 concerts par an, voire plus, à une période complètement vide. Depuis 96, ça n’avait fait que devenir de plus en plus fou chaque année, plus de concerts, plus de disques, plus de connexions et d’opportunités et vlam tout s’arrête d’un coup. Résultat, pas un concert en 2006 ! Drôle de sensation !
Je monte un projet musical solo, The Black Zombie Procession, pour passer le temps. Et là, Elie de Hellbats me propose d’intégrer les rangs de son groupe, à la basse. J’accepte, encore une nouvelle aventure, et tout repart. Retour sur la route, dans les studios, en répète, etc. Je joue un an avec Hellbats, on joue une cinquantaine de dates et on fait un album ensemble. Durant la même période, j’enregistre le premier album de BZP.
C’est la période où Cu!, le mec d’Original Disease, reprend contact avec moi. Il veut créer son label et me propose de sortir ce premier album de BZP, allez c’est parti. C'est foutraque, ça part dans tous les sens : je voulais revenir à mes origines, à tous ces trucs pop-culture horror 80's, ça part comme ça, d’une vague idée de faire un truc quasiment tout seul, comme un projet fourre-tout, c’est ce qu’il me faut à cette période. BZP m’a fait un bien fou.
Ensuite, je collabore avec mon pote australien Simon Chainsaw, dans un trip punk rock’n’roll à grosses guitares. Il me demande de l'aider à monter une tournée et me dit qu'il a besoin d'un guitariste. Je lui monte une tournée de 3 semaines en France, Suisse et Allemagne, ça se passe bien, on décide de continuer. Du coup j'ai fait 4 tournées européennes avec lui, à la guitare puis à la basse, le tout étalé sur 3 ans. Tout s'ouvre naturellement, c’est une période où tout se structure bien, tout s’enchaîne. Un groupe en amène un autre, une tournée en amène une autre. Il y a aussi Scott 'Deluxe' Drake, un californien, le mec qui chantait dans The Humpers (qui ont sorti des disques sur Epitaph dans les années 90), on rentre en contact, je lui monte 2 semaines de tournée en Europe (France, Italie, Allemagne, Suisse), je suis à la guitare, je ne me rappelle même plus comment j’ai eu cette connexion…
Et plus ou moins à la même période, il y a The Last Brigade, un groupe de Nîmes, dans un délire grungy, pour qui je joue de la basse pendant deux ans, j’enregistre deux albums avec eux. Ensuite je fonde Teenage Renegade avec ma femme, un truc super mélodique, très cool à faire en couple, avec qui on fait deux disques, dont un enregistré aux States, et on monte une formule acoustique pour faire des petits concerts ici et là… J’ai aussi joué un peu avec Billy Gaz Station quand ils galéraient pour trouver un bassiste, j’ai dû faire 25 concerts avec eux étalés sur quelques mois… et ensuite je joue 2 ans avec Dumbell, à la basse, le groupe d’un ricain qui a habité quelques années en Allemagne, je fais un album avec eux et 3 tournées en Europe, dont une de 5 semaines.
Ce qui me pousse, c'est de bosser avec des gens différents tout le temps, jouer un style, enchaîner avec un truc différent, un coup à la guitare, un coup à la basse, bosser avec des personnes qui viennent d'ailleurs, de nouveaux projets, etc. Je continuerai à ce rythme tant qu’il y aura cette diversité, je veux vraiment éviter la routine, car c’est ce qu’il y a de pire. J'ai fondé Demon Vendetta il y a deux ans, dans un trip surf music moderne ; après avoir reformé Hawaii Samurai pour quelques gigs ponctuels, ça m’a redonné envie de rejouer ce style, j’ai fondé le groupe avec Franz, qui était aussi dans Teenage Renegade (dans la formule live). Il y a en fond ce côté horror/pop-culture, qui me branche vraiment, et qui fait le lien entre mes groupes. C’est le groupe dans lequel je joue principalement actuellement, avec BZP.
Peu importe le groupe et mon activité : c'est l'envie, l'expérience, les histoires à raconter, juste ça, remplir mon sac de souvenirs. Être vivant et acteur. Répéter dans un local et enregistrer un disque, à la limite je m’en fous complètement maintenant. Ça fait 17 ans que je fais ça et je joue sur 17 ou 18 albums. Je ne fais plus de la musique pour les mêmes raisons que quand j’ai commencé, c’est évident. Je n’ai jamais eu de velléités carriéristes avec mes groupes, quand je fonde un band, je me dis qu’on va faire un ou deux albums, qu’on va aller sur la route et qu’on va voir où ça nous mène, je vois ça comme une nouvelle étape, une nouvelle aventure… des fois ça fonctionne vraiment bien, des fois moins… Mais l’important, c’est d’être actif, de faire des trucs concrets, de vivre à fond… la zique, c’est important, mais finalement ça passe après ce désir de faire du concret, d’expérimenter des trucs, de laisser une petite trace. Chaque groupe m’a apporté des sensations différentes, c’est le plus important, c’est ce qui me fait avancer et c’est ce qui me donne encore envie de jouer de la zique, plus de 20 ans après avoir eu ma première guitare… même si être sur la route m’amuse beaucoup moins qu’au début, c’est clair, et que j’essaie de me diversifier autant que possible en vieillissant.
L'écriture ?
Au début où je me suis intéressé à la scène punk hardcore et plus globalement indé, c’était compliqué de choper des fanzines, il n’y avait pas Internet, tous les contacts se faisaient par courrier, et un peu par téléphone. La vraie vie, quoi. On n’était pas planqués derrière nos claviers ! Je me suis fait des contacts au fil des années. Dans la presse nationale en France, ce qui m’intéressait vraiment au niveau culturel n'était pas ou peu traité, les trucs ricains pointus qui m’intéressaient étaient vraiment durs à choper, que ce soit en zique, en comic-books, en livres, en films, etc. Et je suis tombé sur cette presse, on va dire que c’est une presse "alternative". J'ai découvert ça vers 1995/1996. Fallait faire l'effort d'envoyer un peu de blé en liquide ou en chèque dans une enveloppe, écrire un petit mot, le mec te renvoyait son zine ou sa newsletter, tu lisais ça, tu notais de nouveaux contacts/références chopés dans le zine, tu contactais de nouvelles personnes, et ainsi de suite. Ça pouvait être des mecs qui éditaient des zines, mais aussi des musiciens, des mecs qui géraient une distro’, qui avait un petit label, bref tout un réseau, quoi. Avec qui tu pouvais rentrer en contact, juste en leur écrivant.
Pour moi c'était aussi un outil, à la fois pour me trouver des trucs que j’aimais mais aussi pour mes groupes de l’époque, j’envoyais des démos, je faisais des échanges, etc. Ça m'a intéressé dès que j’ai découvert toute cette scène. Je me suis logiquement mis à écrire, à chroniquer des trucs, à écrire sur des sujets plus ou moins personnels, sur mes activités, sur des films, sur la musique, et j’ai décidé de photocopier tout ça et de le publier. Quand tu aimes lire, tu aimes écrire. C’est une équation de base. Ma mère lisait beaucoup, elle m'avait donné le goût des livres, très jeune. Donc écrire, ça a vite été un truc que j’ai bien aimé faire.
Pour moi c'était aussi un outil, à la fois pour me trouver des trucs que j’aimais mais aussi pour mes groupes de l’époque, j’envoyais des démos, je faisais des échanges, etc. Ça m'a intéressé dès que j’ai découvert toute cette scène. Je me suis logiquement mis à écrire, à chroniquer des trucs, à écrire sur des sujets plus ou moins personnels, sur mes activités, sur des films, sur la musique, et j’ai décidé de photocopier tout ça et de le publier. Quand tu aimes lire, tu aimes écrire. C’est une équation de base. Ma mère lisait beaucoup, elle m'avait donné le goût des livres, très jeune. Donc écrire, ça a vite été un truc que j’ai bien aimé faire.
J'ai écrit ensuite dans Kérosène, un gros fanzine qui était édité à la manière d’un magazine pro et disponible dans toute la France, la bible indé hexagonale à la fin des 90’s et du début des années 2000. J’y écrivais une colonne culturelle de deux ou trois pages. Dan, l’éditeur de ce fanzine, qui était fan de Second Rate (il a même produit un disque !), m'a proposé d'écrire dedans. J'ai pris ce pseudo de Nasty Samy à l'époque, juste parce qu’il m’en fallait un en fait… Il me fallait un blase pour Hawaii Samurai, et pour signer cette colonne dans Kérosène, j’ai fait d’une pierre deux coups.
Après Kérosène, j'ai publié à nouveau mes fanzines. J'ai stoppé en 2005. Les blogs et les webzines explosaient, j'en ai profité pour m'acheter un ordi correct, j’ai commencé à trifouiller, et j'ai fait mon webzine à l'ancienne. Ça a duré presque deux ans, mais je suis revenu au format papier. Un support qui me convient beaucoup plus.
Au départ, avant que ça ne devienne un site perso qui centralise mes activités, likesunday.com c'était un webzine de base, classique, où j’écrivais sur le ciné, la musique, la littérature et finalement, ça m'a amené à passer par la petite porte pour bosser dans la presse. On m’a contacté pour faire partie de l’équipe du magazine Rise Tattoo qui se montait. Puis ça a aboutit sur d’autres contacts, d’autres magazines, d’autres contributions. Je me suis retrouvé à écrire dans la presse nationale de la même manière que je le faisais dans mes zines : sur la culture bis, le ciné de genre et la musique à guitares.
Je continue de publier mes propres zines. Et depuis 2 ou trois ans, je m’intéresse de près à la publication de livres. On a sorti "Explosions Textiles" avec Cu! de Kicking Records. Ça vient d'une question que je posais tout le temps en interview dans mes premiers fanzines. C'est super important pour moi, je suis obnubilé par les T-shirts : j'en ai des centaines et des centaines - et pourtant j'en vire chaque année ! Je suis un dingue du T-shirt : la première chose à gérer pour moi le matin, ce n'est pas de choisir un disque pour bien commencer la journée, mais c'est quel t-shirt je vais mettre. Bon, j’exagère un peu, mais tu vois le truc… Je me suis dit que j'allais inviter quelques potes, tous des plumitifs avertis, des mecs qui bossent dans la presse, qui publient des zines, des auteurs, des activistes ou tout simplement des zicos qui aiment bien écrire. Je leur ai posé cette question du premier T-shirt de groupe qu’ils ont porté, pour en faire une espèce de recueil de textes. Très fun.
L’édition, c’est un truc qui me branche, et sur lequel je suis en train de me pencher sérieusement. C'est excitant. Sortir un disque, c’est bon, c’est validé, c'est quelque chose que ne m’apporte plus aucune surprise. Ce n'est plus excitant du tout. Mais un livre, c'est différent, c’est un tout autre processus, ça m’intéresse. J’ai plusieurs projets qui vont dans ce sens, on verra où ça me mènera. On est en train de monter une petite boîte d’édition avec un pote, ça va se concrétiser en 2015, on bosse dessus.
Now It's Dark, ton podcast ?
Je l'anime depuis 7 ans, avec des potes. A l'époque, le podcast était un médium qui se faisait très peu en France. J’écoutais (et écoute toujours !) des tonnes de podcasts ricains qui traitent de cette culture que j’adore. J’ai voulu faire pareil, bricoler un truc de mon côté. Et j’ai repris l’idée de deux potes qui s'appellent et qui jactent sur ce qu’ils ont écouté, lu, écouté, discussion téléphonique partagée, super concept ! On fait la même chose avec Elie (Hellbats / The Black Zombie Procession), qui co-anime l’émission, "tiens j'ai vu un putain de film, et j’ai vu tel groupe en concert, et tu as lu ça ?", ça fait des émissions très décomplexées, au ton détendu, mais assez pointues du coup. C’est fun à faire. On s'appelle avec Elie, via skype, j'enregistre la conversation (qu’on a quand même préparée, hein !), on balance ça sur le net avec une playlist de quelques morceaux et basta. On fait des interviews également, d’auteurs, d’illustrateurs et d’activistes. C'est un truc qui me prend pas mal de temps, mais qui fait clairement partie de mes activités. C'est du travail de terrain, à la force du poignet.
Ton implication dans la scène locale ?
Je n'organise plus de concerts, ça ne m'intéresse plus. Je l’ai fait pendant un bon moment. J'ai organisé mon premier concert aux alentours de 1998. Ça a duré jusqu’en 2008/2009. J’ai organisé des concerts à l’Asylum, à la Crèmerie, au Gibus, aux PDZ, on a même fait une ou deux soirées aux Arcades il y a bien longtemps, et un ou deux concerts dans un bled à côté de Besançon, fin 90 (dans un bar de cambrousse qui se nommait Chez Babette, je crois, il y a eu quelques grosses soirées là bas! Mais je ne me rappelle plus du bled). Ah, je me rappelle aussi d’un concert de Bushmen qu’on avait organisé en 1999 dans un tout petit bar rue de Vignier, à côté des PDZ, c’est devenu un bar gay maintenant je crois…
Via mes groupes, je bossais avec quelques tourneurs, j’avais des connections et des contacts. Pas mal de groupes étrangers qui étaient sur la route, et que je dépannais. Et des potes me filaient des coups de mains. C’était cool, souvent de bonnes soirées, mais c’est derrière moi. Je mets mon énergie dans d’autres trucs.
Aujourd'hui, ça ne m’intéresse plus du tout, je l’ai fait, j’ai zappé, je laisse la place aux plus jeunes, même s’il ne semble pas y avoir de nouvelles générations prêtes à s’investir dans le trip rock/punk/hardcore et affilié à Besançon, hormis les mecs de Mighty Worm, qui du coup ne sont plus si jeunes que ça. [rires]
Qu'est ce que tu fous là ?
Je suis chez moi ! [rires] Je pense que vous m’avez contacté du fait des groupes dans lesquels j'ai joué, non ? Et plus globalement pour mes activités. Vous êtes venus parce que j'ai accompli quelques trucs au niveau de la scène locale je pense… Parce que je fais des trucs concrets, de la zique, des zines, que j’ai été actif dans l’orga de concerts à Besançon à un moment donné, etc. Parce que j'existe dans le paysage culturel de la ville, en fait. Voilà pourquoi vous êtes là, je pense.
Le mot de la fin ?
Non, j'aime pas la fin ! On ne finit jamais, on est tout le temps en transit, vers quelque chose d’autre, de nouvelles aventures... enfin j’espère ! Je suis impatient de voir ce que votre projet va donner, il y a pas mal de potes dedans, des gens qui ont été importants pour moi, comme le Guy, le Buen’ et quelques autres, ce sont des gens qui ont été importants dans ma vie et qui le sont encore, je suis curieux de lire leurs interviews, et plus globalement de voir comment votre projet va aboutir. Bonne chance, c’est une cool initiative en tout cas. Voilà, à défaut de mot de la fin, tu as le mot du milieu ! [rires]
Liens utiles pour comprendre de quoi on a parlé :
Des trucs qui passaient sur la platine du Nasty pendant qu'on papotait :
Electric Frankenstein, album entier Annie's Grave.
Big Chief, album entier Platinum Jive.